Aujourd’hui, une spécialiste de la protection de l’enfance a déclaré aux procureurs qu’elle avait adressé un grand nombre d’enfants aux centres de réinsertion de la République démocratique du Congo (RDC), dont un enfant de 11 ans.
Christine Peduto, qui a travaillé pour la mission des Nations Unies au Congo (MONUC), a indiqué que le garçon avait été recruté lorsqu’il venait d’avoir 10 ans et qu’il avait été le garde du corps d’un responsable de haut rang de l’Union des patriotes congolais (UPC), Floribert Kisembo.
Peduto, qui témoignait en français sans mesures de protection telles qu’une déformation numérique du visage et de la voix, a déclaré qu’elle était arrivée en mai 2003 en Ituri, à Bunia, juste après que l’armée ougandaise ait quitté la ville et que l’UPC, dirigée par Thomas Lubanga, en ait pris le contrôle.
Elle a supervisé le bureau de protection de l’enfance de la MONUC et a travaillé avec diverses ONG pour aider les enfants ayant été démobilisés.
« La situation était extrêmement tendue », a précisé Peduto. « Les enfants qui avaient été [démobilisés] étaient désorientés ».
La vérification de l’âge de chaque enfant était une tâche toujours complexe puisqu’il « n’ existe aucune procédure scientifique pour déterminer l’âge d’un enfant », a-t-elle déclaré au procureur Julieta Solano McCausland.
Peduto a indiqué qu’ils se reposaient sur les informations fournies par l’enfant et les entretiens détaillés menés par les travailleurs sociaux. Elle a ajouté que l’apparence physique était également prise en compte mais n’était pas considérée comme le critère principal.
La MONUC et les ONG locales ont également travaillé à la vérification des détails de l’histoire racontée par chaque enfant.
« Je posais aux enfants de nombreuses questions, tant qu’ils voulaient bien y répondre », a-t-elle déclaré. « Il était important d’identifier la date à laquelle ils avaient été recrutés, la personne qui les avait entraîné, les batailles auxquelles ils avaient participé et le dernier commandant sous les ordres duquel ils avaient servi”.
Les informations fournies par l’enfant étaient vérifiées par rapport à un calendrier des événements afin de s‘assurer que sa déclaration correspondait à la réalité », a-t-elle précisé.
Peduto a affirmé que, à compter de 2004, 220 ex-soldats ayant moins de 15 ans avaient été pris en charge par le bureau de la MONUC situé à Bunia, dont 167 avaient été à un moment donné associés à l’UPC.
« Pour être parfaitement claire, cette proportion ne signifie pas qu’il y avait plus d’enfants dans l’UPC que dans les autres groupes », a-t-elle ajouté. « Nous avions un accès plus large aux [enfants soldats] de l’UPC parce que nous étions à Bunia ».
Peduto poursuivra son témoignage demain matin.