Jeudi, une ex-enfant soldat témoignant lors du procès de Thomas Lubanga a déclaré que les nouveaux membres de la milice de Lubanga étaient soumis à un entraînement et un endoctrinement violents qui incluaient le rasage de la tête avec des morceaux de verre cassé.
Le témoin anonyme, dont la voix et le visage étaient déformés numériquement pour protéger son identité, a indiqué que ceux qui désobéissaient aux ordres étaient sévèrement punis et que les commandants couchaient régulièrement avec les jeunes filles kidnappées.
Selon le témoin, les recrues, qu’elles soient fille ou garçon, se baignaient toutes ensemble dans la rivière près du camp d’entraînement, habituellement trois fois par semaine et sans savon.
Une grande partie du témoignage de l’ex-enfant soldat s’est déroulé à huis clos. Le juge président Adrian Fulford a indiqué que la Cour avait accédé à la demande du témoin de relater son histoire sans interruption avant de répondre aux questions des procureurs.
Elle a indiqué que les soldats qui l’avaient enlevée portaient des vêtements civils mais étaient armés de pistolets mitrailleurs et de fusils. Ils n’ont choisi que ceux qui avaient moins de 20 ans.
« Savez-vous pourquoi personne n’opposait de résistance (à l’enlèvement) ? », s’est enquis le procureur adjoint Fatou Bensouda.
« Nous étions emmenés de force. Si vous tentiez de refuser, vous pouviez être tué », a répondu le témoin.
Lorsque Bensouda a demandé ce qu’il advenait des kidnappés une fois arrivés au camp militaire, le témoin a déclaré : « Ils rasaient nos têtes avec des morceaux de verre et certains d’entre nous avaient le crâne entaillé ».
Elle a expliqué que chaque matin, les recrues étaient réveillées à 4 heures du matin et obligées de courir entre le camp et le village de Rwampara qui était éloigné de 8 km.
« Après avoir couru, nous faisions des pompes et ensuite nous devions ramper, escalader des murs, nous déplacer en sautant et bondir dans des trous », a raconté le témoin.
L’entraînement durait jusque tard dans la nuit et était suivi de séances de chant « pour nous remonter le moral », a-t-elle précisé. Les recrues se couchaient habituellement à 11 heures du soir.
Le témoin a indiqué à la Cour qu’elle avait été enlevée en 2002 à l’âge de 13 ans lorsqu’elle fuyait les combats de Bunia. Elle avait été emmenée avec d’autres enfants, dont certains avaient moins de 13 ans, à Rwampara puis à Mandro pour suivre un entraînement militaire.
Le témoin a déclaré dans sa déposition qu’elle avait combattu avec la milice de Lubanga dans sept villes différentes et qu’elle avait été atteinte dans la jambe par un coup de feu lors d’affrontements contre des groupes ethniques Lendu dans la ville de Mbau.
Elle a précisé qu’un des ces combats était mené contre les troupes ougandaises tandis qu’un autre était livré contre des soldats français qui avaient sommé aux troupes de Lubanga de quitter Bunia.
Elle a ajouté que dans tous les affrontements, des enfants soldats des deux sexes figuraient parmi les morts et les blessés.