Vendredi, une ex-enfant soldat a déclaré à la Cour pénale internationale avoir été violée à de nombreuses reprises par des commandants de la milice de Thomas Lubanga.
La jeune femme a indiqué qu’elle avait été enrôlée à l’âge de 13 ans et qu’elle avait subi des agressions sexuelles sans jamais recevoir de soins pour ses blessures et qu’elle en souffrait encore à ce jour.
Le témoin anonyme, lors de son deuxième jour de témoignage, a également déclaré subir les effets des drogues prises lorsqu’elle était dans la milice.
Selon elle, les commandants de la milice ont encouragé les combattants à prendre de la drogue avant de combattre, pour leur donner du courage semble-t-il, et ceux qui manifestaient leur peur étaient placés en première ligne des combats.
Elle a indiqué que, trois semaines après son premier viol, elle a ressenti des douleurs dans le bas ventre. « Personne ne peut comprendre ce que j’ai enduré. Ma virginité m’a été enlevée d’une manière très cruelle et je souffre encore aujourd’hui ».
Le témoin a déclaré à la Cour que les commandants de la milice avaient régulièrement imposé des relations sexuelles aux recrues féminines mais que les recrues et les soldats de sexe masculin n’étaient jamais violentés.
Elle a rejeté les suggestions de l’avocat de la défense de Lubanga, Jean-Marie Biju-Duval, selon lesquelles elle était une adulte à l’époque où elle avait rejoint la milice de Lubanga en 2002 et qu’elle avait appartenu à une milice rivale en 1999.
« Je vous ai dit que, lorsque j’ai été enrôlée dans l’UPC (Union des patriotes congolais), j’avais 13 ans. Je ne comprend pas ce que l’avocat me dit », a-t-elle indiqué.
Lorsqu’elle fut interrogée pour savoir si elle ressentait encore les conséquences d’avoir servi dans la milice, elle a déclaré: « J’étais vierge auparavant. Mais ils ont pris ma virginité. J’ai vu du sang partout … (et maintenant) je n’ai plus de frère ni de sœur. Et quand je pense à tout cela, j’ai envie de me tuer ».
Le juge président Adrian Fulford a fait allusion plusieurs fois à l’état physique fragile du témoin et, à un moment donné, a demandé une interruption non prévue de la séance en raison de considérations liées au ‘confort physique’ du témoin.
En réponse à des questions posées par Hervé Diakiese, un des avocats représentant les victimes au cours du procès, le témoin a déclaré que, pendant les quatre semaines de son entraînement, elle a porté les mêmes vêtements que ceux qu’elle portait au moment de son enlèvement.
« Si vous laviez vos vêtements, vous deviez les porter mouillés et ils devaient sécher sur vous », a-t-elle indiqué.
Le témoin a précisé qu’elle avait pris une balle dans la jambe pendant un combat et qu’elle souffrait encore aujourd’hui. « J’ai très mal aux pieds et même dans mes os je ressens des douleurs aiguës ».
Elle a indiqué, qu’après s’être enfuie de la milice, elle s’est retrouvée seule.
« Lorsque j’ai quitté l’armée, je n’avais plus de maison où aller. J’ai été une enfant des rues parce que je n’avais pas de domicile et je n’avais plus de parents, de père, de mère, de frère ou de sœur. Je suis restée dans la rue jusqu’à ce qu’une femme ait pitié de moi et m’emmène avec elle ».